Les architectes de la Venise du Nord

Les Grands Maîtres d'oeuvre



Lors d’un séjour à Saint-Pétersbourg au début du XIXème siècle, Madame de Staël écrivit : « Ici, tout a été créé pour la perception visuelle ».
En 1706, Pierre le Grand décida d’implanter sa nouvelle capitale au milieu des îlots du delta de la Néva, récemment repris au Royaume de Suède, avec la grande intention de faire de cette ville une des plus belles et modernes d’Europe. Dès lors jusqu’à la fin de l’ère impériale, une multitude d’architectes issus de diverses horizons, se succédèrent, révolutionnant les styles et rénovant les anciens bâtiments afin de faire perdurer la splendeur de cette cité construite à l’image de Venise. Même si durant la période soviétique de nombreux édifices furent détruits ou endommagés, la ville entreprît depuis les années 2000, un processus permanent de restauration assurant une protection et une conservation de l’ensemble de ce patrimoine classé à l’UNESCO depuis 1990.

Domenico Trezzini (1670 – 1734 )

A l’aubeTrezzini de la construction de Saint-Pétersbourg, Pierre Ier fit appel à l’architecte italien Domenico Trezzini afin de réaliser ses ambitions de grandeur. En charge du plan d’urbanisme de la ville et des chantiers, il fut l’auteur des premiers tracés des grandes avenues actuelles, de l’aménagement des îles de Kronstadt et Vassilievski et des œuvres de style pétrinien baroque comme la cathédrale et la forteresse Pierre-et-Paul, le palais d’été de Pierre Ier, le jardin d’été, le palais Menchikov, Les douze collèges, le monastère Alexandre… Aux côtés des autres architectes engagés par le tsar (Jean-Baptiste Leblond, Andreas Schlüter, George. M. Fontana), ils s’inspirèrent de l’urbanisme allemand et hollandais, si cher à leur mécène depuis sa Grande Ambassade, en y ajoutant chacun le style de leur école et de leur pays d’origine respectifs. Trezzini avait pour caractéristiques la grande précision, l’élégance et la décoration modeste de ses projets.

 

Francesco Bartolomeo Rastrelli (1700 -1771 )

RastrelliAprès la mort de Pierre le Grand en 1725, plusieurs souverains se succédèrent sur le trône de Russie, mais ce furent les impératrices Anne et Élisabeth qui furent les principales instigatrices d’un nouveau style appelé le baroque élisabéthain dont l’architecte Francesco Bartolomeo Rastrelli en est le plus grands représentant. Cette architecture à pour but de révéler la puissance et la grandeur de l’empire russe par des édifices de tailles impressionnantes, aux décorations et dorures somptueuses et raffinées et des tons festifs caractéristiques de l’époque. Il est le style de transition vers le style néoclassicisme et on l’apparente souvent au style Rococo ou baroque Rastrelli. Les chefs d’œuvres du maître sont entre autres le palais d’hiver, les extensions et rénovation au palais de Peterhof, le palais Vorontsov, le palais de Catherine à Pouchkine, le palais Stroganov, le couvent Smolny. Lors de l’accession au trône de Catherine II, il fut limogé car son style fut jugé trop ancien.

 

Jean-Baptiste Vallin de la Mothe (1728 – 1800)

Jean Baptiste Vallin de la MotheJean-Baptiste Vallin de la Mothe arrive depuis la France en 1759 à Saint-Pétersbourg en tant que professeur d’architecture sous les recommandations de son cousin Blondel, déjà architecte à la cour impériale. Cependant, l’académie dans laquelle il enseignait ne disposant pas de bâtiment propre, le maître dessina les plans d’un édifice digne d’accueillir les enseignements de l’architecture, de la peinture et de la sculpture. Approuvés par les dirigeants de l’époque, l’Académies des Beaux-Arts était née. Fort de cette réputation de nombreux projets furent proposés à Vallin de la Mothe comme le Gostiny Dvor de l’avenue Nevski, le petit Ermitage, la rénovation de certains palais, la création de la Nouvelle Hollande… Son style particulier et épuré fut considéré comme les premières marques du classicisme de la capitale. Un révolution artistique très appréciée par Catherine II pour laquelle l’architecte dédia l’église Sainte-Catherine d’Alexandrie, de style roman ; par la suite il se consacra à l’enseignement jusqu’à la fin de ses jours.

 

Giacomo Quarenghi (1744 -1817)

quarenghiSous le règne de Catherine la Grande, dès 1762, le style classicisme émerge avec ses inspirations de l’empire romain, les formes géométriques et colonnades effaçant petit à petit le désordre architectural né du baroque des premiers tsars. Giacomo Quarenghi réalisa de nombreuses œuvres emblématiques à Saint-Pétersbourg et ses alentours comme la rénovation du palais du parc de Peterhof, le bâtiment de la bourse, une extension du couvent Smolny, le palais Alexandre à Pouchkine, le clocher de la cathédrale Vladimir, l’arc de Triomphe de la Narva, l’Académie des Sciences, le théâtre de l’Ermitage,… Architecte incontournable de cette époque, son inspiration venait de la Renaissance italienne et sa patte fut reconnue par l’Académie impériale russe dont il est devenue membre en 1805.

 

 

 Andreï Voronikhine (1759 -1814)

VoronikhinAu XIXème siècle, le classicisme se modifie et se transforme en ce que l’on appellera le style empire russe. Toujours dans cet esprit d’ordre, les monuments se font de plus en plus massif, avec des moulures et des sculptures rappelant l’antiquité et les grands empires de Rome, de Grèce et d’Égypte. Sous Alexandre Ier, l’architecte Andreï Voronikhine, jeune peintre russe récemment diplômé de l’Académie des Beaux-Arts de Saint-Pétersbourg, imposera sont style né de ces voyages en Occident. Concepteur de l’imposante Cathédrale de Kazan et de l’Institut géologique, il pris en charge la rénovations de nombreux palais de la capitale et de ses environs afin de rafraîchir leur aspect en s’éloignant du baroque Rastrelli.

 

 

Carlo (Charles) Rossi (1775 – 1849)

RossiLes dernières grandes œuvres dans le style empire russe nous viennent de l’italien Carlo (Charles) Rossi, qui fut l’un des derniers grands architectes à façonner l’aspect de Saint-Pétersbourg. On lui doit le Palais Elaguine, le château St. Michel, les bâtiments du Sénat et Synode, l’Arc de l’État-Major de la place du Palais, la façade de la Bibliothèque nationale russe, les pavillons du Palais Anitchkov, le théâtre Aleksandriskii et les immeubles de la Direction des Théâtres et du Ministère des Affaires intérieures. Une rue lui est également dédiée, symbolisant toute sa créativité.

 

 

Andreï Ivanovitch Stackenschneide (1802 -1865)

ShtakenschneiderSous Nicolas Ier, un nouveau style né en France se propage en Russie : l’éclectisme ; mélange de différents styles démodés dit historicismes remis au goût du jour avec la fusion de leurs bases mais en additionnant des caractéristiques modernes, ce qui n’était pas permis par le classicisme. D’un autre côté l’Académie des Beaux-Arts de Saint-Pétersbourg est devenue l’une des plus prestigieuses et plus grandes formatrices d’artistes de l’époque. Andreï Ivanovitch Stackenschneide, ancien élève de cette école, est l’un des nombreux architectes russes qui continua le développement visuel et la rénovation des bâtiments, à la suite des premiers fondateurs de la ville. Déjà réputé en Allemagne Stackenschneide, fut rappelé à la cour impériale de Russie pour participer au chantier de la cathédrale Saint-Isaac, puis par la suite, il réalisa inspiré de la nouvelle tendance en vogue le palais Mikhaïl Mikhaïlovitch, le Palais Nikolaïevski, le Nouveau palais Mikhaïlovski, le Palais Leuchtenberg près de Peterhof et bien d’autres rénovations intérieures au cœur de la capitale.

 

Maximilian Messmacher (1842 -1906)

MessmacherA la fin du XIXème siècle, Saint-Pétersbourg était devenue la grande cité dont rêvait Pierre le Grand. Visuellement, elle offrait une diversité architecturale et un raffinement de ses bâtiments émerveillant le monde entier. Dès lors les travaux d’embellissement se firent plus en intérieur qu’en extérieur et Maximilian Messmacher en fut l’un des plus grands artistes. Russe d’origine, sont prestige en Occident n’était plus à faire, il fut rapidement invité à la cour impériale pour la restauration et l’aménagement de multiples édifices comme la cathédrale St Isaac, le nouveau palais Mikhaïlovski, le palais du Grand Duc Vladimir Alexandrovitch, le palais Anitchkov…

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