Les particularités de l’étiquette de Saint-Pétersbourg


Les bases de l’étiquette de Saint-Pétersbourg, c’est-à-dire des règles de comportement dans la société et dans des endroits publics se formaient un peu différemment par rapport à Moscou, par exemple. Moscou des boyards qui vivait à son rythme fainéant, s’adaptait difficilement aux standards européens imposés très activement par Pierre le Grand. Vu que Saint-Pétersbourg avait sa propre création, les ordres du Tsar s’exécutaient plus vite dans cette ville, et les manières arrivaient dans la nouvelle capitale ensemble avec les chercheurs, les constructeurs, les architectes et les peintres étrangers.

Aussitôt, la vie fleurissait dans la capitale et les citoyens, dont la plupart appartenaient au classe de fonctionnaires, se comportaient de manière réservée et froide, parlaient la langue soutenue, en ressentant constamment les cadres militaires invisibles de subordination même en dehors du service. De nombreux traits de caractère des Saint-Pétersbourgeois ont été conservés jusqu’à nos jours. Ainsi, on ne parle pas très fort en ville, on ne pousse pas, on ne gesticule pas trop pour exprimer ses pensées ou sentiments. Les émotions sont exprimées de façon réservée, et si vous entendez quelqu’un crier en parlant au téléphone, vous pouvez être sûr qu’il n’est pas d’ici.

L’historien connu Lev Lourier souligne que les Saint-Pétersbourgeois détestent être serrés dans les transports en commun, lors des foires et d’autres événements. Les gens essayent de s’éloigner des personnes qui se mettent trop près dans le métro, évitent si possible de toucher aux sacs et autres objets. Les Moscovites, au contraire, sont plus simples et plus sociables et ouverts en général.

Show au Café littéraire, Saint-Pétersbourg
Show au Café littéraire, Saint-Pétersbourg

 

La société Saint-Pétersbourgeoise et la haute société appréciaient toujours la courtoisie et le savoir maintenir la conversation au sujet qui serait intéressant pour les interlocuteurs, et non le talent de briller sans s’apercevoir des autres. Dans les cafés et restaurants, mal vus sont ceux qui parlent trop fort et dans le métro d’habitude on n’entend que les venants du Sud, tandis que les habitants de Palmira du Nord qui discutent de manière réservée à voix basse. D’après les règles établies par défaut, à Saint-Pétersbourg on ne fait pas de bruit avec une cuillère pour dissoudre le sucre dans un tasse ou faire du bruit avec d’autres couverts lors du repas ; on ne gargouille pas quand on boit du thé, ou quand on mange une soupe en exprimant son plaisir. Il est inesthétique de le faire également à la maison en famille, mais non seulement dans des endroits publics.

Cela fait longtemps que la capitale russe a été déplacée à Moscou, mais même en tant que capitale, Saint-Pétersbourg n’a jamais connu les stress de vie de Moscou : la dépêche et la vitesse folle de vie. Les Moscovites se concentrent trop sur leurs désirs, ils sont trop passionnés par leurs objectifs personnels, ils se dépêchent tout le temps, mais pourtant, très bizarrement, n’ont pas le temps pour eux-mêmes. La ville sur Neva est l’abri des gens de nature plus sereine : tous les jours, quand ils reviennent du travail ou quand ils vont chercher leurs enfants à la crèche ou a l’école, ils arrivent tout de même à se retrouver avec leurs amis, leur rendre visites, organiser de petites fêtes ensemble. Certains chanceux peuvent même se promener dans des rues et des parcs, visiter des musées, des cinémas, des théâtres ou simplement rester tout seuls et rêver en tranquillité.

Les Saint-Pétersbourgeois appellent Moscou un grand village, alors que pour les Moscovites la ville de Saint-Pétersbourg n’est qu’un marécage. Les habitants de Saint-Pétersbourg vont à la capitale pour gagner de l’argent, alors que les Moscovites partent à Saint-Pétersbourg pour un week-end afin de se relaxer, flâner sur les quais et dans les parcs, visiter un théâtre au lieu d’aller dans une boîte de nuit. Les deux villes accueillent beaucoup de visiteurs, mais la différence consiste en ce que Moscou accepte les nouveaux arrivés tels quels, tandis que Saint-Pétersbourg essaye de rééduquer ses nouveaux habitants avec ténacité et de leur apprendre des choses plus culturelles et sublimes.