Littérature
Ville culturelle et artistique
Entre le XIXème et le début du XX ème siècle Saint-Pétersbourg fut la témoin de grandes révolutions qui marquèrent l’histoire de toute la Russie aussi bien sur la scène politique qu’artistique et culturelle. La passation du pouvoir impérial au régime totalitaire fut une épreuve difficile et éprouvante pour l’ensemble de sa population et les penseurs de cette époque. Amour, religion, misère, famine, souffrance, persécutions, sentiments révolutionnaires, … furent les sources d’inspiration des écrivains de cette période où deux âges se succédèrent. Le premier fut l’Âge d’Or des arts russes dominé en littérature par Alexandre Pouchkine qui ouvrit la voie à de grands auteurs romanciers et poètes tels que Nicolas Gogol, Fiodor Dostoïevski ou Nicolaï Nekrassov parmi tant d’autre. Influencés par les tendances et les penseurs occidentaux ils composèrent des chef d’œuvres de la littérature russe encore aujourd’hui reconnus dans le monde entier. Saint-Pétersbourg, forte de l’empreinte laissée par ces littéraires dans les mentalités populaires, aristocratiques et dans la culture de la ville vit naître à la fin du XIXème siècle une nouvelle génération d’auteur aux idées futuristes. Cette période nommé l’Âge d’Argent, fut fortement inspirée des écrivains russe des temps passés mais aussi des nouveaux poètes européens avec la domination du symbolisme d’Alexandre Blok et Andreï Essenine puis du mouvement acméiste mené entre autre par Nicolaï Goumilev, Anna Akhmatova et Ossip Mandelstam. Cette période fortement caractéristique de l’activisme, de la critique et de la libre pensé pro ou anti-révolutionnaire entra dans le patrimoine culturel de la Russie comme symbole et preuve de la vie sous la domination bolchévik. Ses hommes et ses femmes, qui marquèrent l’histoire littéraire par leurs ouvrages et leur style, ont œuvrés et donnèrent parfois leur vie pour la pérennité de leur art ouvrant les portes d’une littérature russe moderne et libre. L’institut littéraire communément appelé La maison Pouchkine , permet d’approcher la vie et les œuvres des grands auteurs de la littérature russe du XVIII au XXème siècle.
Alexandre Pouchkine
Alexandre Sergueïevitch Pouchkine (Александр Сергеевич Пушкин) est né le 6 juin 1799 à Moscou au sein d’une famille de la grande noblesse russe férue d’art et de littérature. Du fait de ses origines africaines du côté de sa mère, descendante d’Abraham Pétrovitch Hanibal, esclave africain affranchi et anobli par Pierre le Grand, son enfance ne fut pas des plus heureuse, ses traits caractéristiques le mirent souvent à l’écart de ses camarades qui l’appelaient « le singe ». Se réfugiant dans la lecture, il devînt un parfait connaisseur de la culture française dont il maîtrisait parfaitement la langue origine de son surnom « le français ». De 1811 à 1817 il fit ses études au lycée impériale de Tsarkoïe Selo où il impressionait régulièrement ses camarades par sa capacité à improviser en vers et par sa grande mémoire. Cette époque est relativement bien reconstituée dans le film « 18-14 » de Андрес Пуустусмаа / Andres Puustusmaa où l’on voit le jeune Pouchkine et ses amis à l’aube de leur grandeur. En 1814, dans la revue « le messager de l’Europe », son premier poème « A un ami poète » est publié faisant l’admiration des littéraires de l’époque. La ville de Tsarkoïe Selo consacre deux mémoriaux (le lycée et la datcha)en l’honneur du poète et sera rebaptisée en son nom à sa mort. En 1817 il intègre le ministère des affaires étrangères et vivra comme un libre penseur rédigeant de nombreux poèmes inspirés de la grande littérature étrangère et russe, critiquant le régime de l’époque et promulguant des idées révolutionnaires dont il se rapprocha en adhérent à la société littéraire « la Lampe verte » à l’origine du mouvement décembriste. Quoi qu’il en soit, ses écrits déplaisant à la cour entraînèrent l’exil de l’auteur en 1820 en Ukraine puis en Crimée et en Moldavie. Durant six années il trouva d’un côté une grande inspiration littéraire « Le Prisonnier du Caucase » (1821) ; « La Fontaine de Bakhtchisaraï » (1822) ; « Les Tziganes » (1824) ; « la Gabrieliade » (1821) ; « Eugène Onéguine » (1823-1830), « Boris Godounov » (1824-1825), et compose les « contes en vers » ironiques et réalistes. Et de l’autre, il va profiter de la vie en poussant toujours plus loin ses limites et ses vices jusqu’à froler la mort lors de duels. En 1826, le nouvel empereur Nicolas Ier fit revenir Pouchkine à Saint-Pétersbourg sous la condition qu’il devienne protecteur des Arts et censeur impérial ; n’ayant pas le choix il accepte afin d’éviter de retourner en exil. Devant rendre compte de ses moindres faits et gestes à la police impériale, le poète est récemment contraint de faire des choix entre sa position à la cour et ses amis littéraires révolutionnaires. Reprenant petit à petit sa vie oisive, profitant des soirées privées de la princesse Galitzine dans l’actuelle Maison Lobanov-Rostovsky, à laquelle il consacra plusieurs poèmes, sa notoriété grandissait. Il s’ installa dans un appartement au-dessus du restaurant Demout où il écrivit son hommage à Pierre le Grand dans « Poltava » en 1828. De retour à Moscou pour se marier il revînt hâtivement vivre dans la Venise du Nord à l’appartement accueillant le musée qui lui est aujourd’hui dédié. A partir de là Pouchkine fréquenta de nombreux cercles littéraires, dont celui de la bibliothèque de l’église luthérienne tenue par Alexander Smirdin qui devint un éditeur de renom, car un des premiers à rémunérer les auteurs ; puis il atteignit sa pleine maturité littéraire avec « Les Récits de feu Ivan Pétrovitch Belkine » (regroupant Le coup de pistolet, La Tempête de neige, Le Maître de poste et La Demoiselle-paysanne) en 1830 ; « La Dame de pique » (1833) ; « La Fille du capitaine » (1836) ; « Le Chevalier avare » (1836) ; « Le Convive de pierre » (1836) ; « Monument » relatant la place du palais et le célèbre poème du « Cavalier de bronze » (1833). En parallèle il gèra le journal « Le Contemporain » où il publia la nouvelle de Nicolas Gogol « le Nez ». Epanouit littérairement, sa vie de famille l’était bien moins, lors de mondanité avec sa compagne comme à la Maison Saltykov, son enthousiasme d’antan avait disparu. Sa femme convoitée par le baron Georges-Charles de Heeckeren d’Anthès était régulièrement sujet à des disputes au sein du couple et à des rixtes entre les deux hommes. Un jour au café littéraire Pouchkine et d’Anthès, après une énième querelle, partirent régler leurs comptes définitivement au bord de la rivière noire (Чёрная речка) où lors du duel, le fameux poète reçut une balle dans le ventre le faisant agoniser deux jour durant avant de lui donner la mort le 10 février 1937. Ses funérailles furent données à l’église qui se tenait jusqu’en 1892 place des écuries où une foule immense vint lui rendre un dernier hommage, symbole de sa légende et de sa notoriété qui est toujours d’actualité dans le pays comme la statue le représentant à la place des arts.
Nicolas Gogol
Nicolas Gogol (Николай Васильевич Гоголь) est né à Sorotchintsy, en Ukraine, le 31 mars 1809 dans une famille traditionnelle cosaque, où son père écrivait déjà de petites pièces de théâtre lui donnant le goût de la littérature. Après des études moyennement réussies, il décida de partir pour Saint-Pétersbourg afin de faire carrière dans l’administration. En 1827, un premier emploi au ministère de l’intérieur lui permit de s’installer à la maison Yakountchikov, par la suite il déménagea non loin de là au 39 rue Kazan où il demeura jusqu’en 1929. C’est à cette époque que le jeune Nicolas fit ses premiers pas comme écrivain, sous le pseudonyme de V. Alov il écrivit un poème sévèrement critiqué. Honteux de cet échec il quitta le pays pour l’Allemagne pendant plusieurs mois afin de s’en remettre. De retour à Saint-Pétersbourg, il s’installa à la maison Zerkov qu’il immortalise dans « Journal d’un fou » (1835), reprit un travail dans l’administration et vit naître en lui une nostalgie de son pays natal ; de ce sentiment naquit « Les Annales de la Patrie » (1830) et sa première nouvelle inspirée du folklore ukrainien : « la Nuit de la Saint-Jean ». En 1831 Gogol quitte son poste dans l’administration et devient professeur dans une institut pour jeunes filles nobles, lui ouvrant les portes des grands cercles littéraires de l’époque et lui permettant de se présenter à Alexandre Pouchkine qui l’encouragea à écrire en lui insufflant les idées pour l’écriture de la pièce « le Revizor » et son célèbre roman « Âmes mortes ». Fier de ses origines et fortement inspiré de la vie ukrainienne, il rédigea le recueil « Soirées du hameau » applaudi par la critique dont il publiera un second tome en 1832, second succès pour l’auteur. Devenu féru d’histoire il devint enseignant à l’université de Saint-Pétersbourg, une plaque à son nom l’immortalise aux douze collèges, déménagea à la Maison Kiouzelia et fréquenta régulièrement la bibliothèque de l’église luthérienne, sur la fameuse Perspective Nevski dont il s’inspira pour écrire le recueil « Arabesques » en 1835 contenant les nouvelles comme « le Nez » publié par le journal « le Contemporain », « Nevski prospekt », « le portrait » ; puis le recueil « Migorod » dans le style fantastique. En 1936 se joua pour la première fois sa pièce burlesque « le Revizor » au théâtre Aleksandriskii, à la fois applaudie et critiquée, Nicolas Gogol se sent incompris par le public et décide de quitter le pays. Pendant douze ans il parcourut l’Europe avec toujours en bagage le manuscrit de son roman « Âmes mortes » qu’il termina à Rome critiquant vivement la politique tsariste. Interdit par la censure, la publication ne se fit qu’en 1842, Gogol lui était déjà loin de la Russie. Par la suite il publia de célèbres nouvelles inspirés de son passé à Saint-Pétersbourg comme « le manteau » (1843) et une correspondance réactionnaire causant un véritable scandale lors de sa parution : « passages choisis d’une correspondance avec des amis » (1846). En 1848, dépressif et défait de tout bien matériel, Gogol retourna vivre définitivement à Moscou chez de riches admirateurs où entre folie mystique et maladie, il mourut le 21 février 1852. Auteur reconnu ayant influencé les écrivains de la deuxième partie du XIXème siècle, un buste à son effigie se retrouve au jardin Alexandre autour des plus grands noms de la culture russe et comme le disait Dostoïevski : « Nous sommes tous sortis du Manteau de Gogol ».
Fiodor Dostoïevski
Fiodor Mikhaïlovitch Dostoïevski (Фёдор Михайлович Достоевский) est né le 11 novembre 1821 à Moscou dans une famille où le père alcoolique et militaire faisait règner une sombre atmosphère. Dès son plus jeune âge il commença à se plonger dans des livres de grands auteurs qui ouvrirent son esprit à de nouvelles pensés. En 1838 il fut envoyé à l’école militaire de Saint-Pétersbourg où, à contre cœur il réussît ses études et débuta ses premiers écrits. En 1844 malgré son poste confortable de sous lieutenant dans le génie au château Saint-Michel, il mit un terme à sa carrière militaire et se consacra à son premier roman « Pauvre gens » enfermé dans la Maison Pryanitchnikov inspiré de sa vie et de celles de ses colocataires. Salué par le poète Nikolaï Nekrassov et le critique littéraire Vissarion Belinski lors de leur réunion à la maison littéraire, son premier ouvrage remporta un franc succès et on commença à le qualifier de nouveau Gogol, mais très vite son attitude et son caractère le refirent plonger dans l’anonymat et ses œuvres suivantes « le Double » et « la Logeuse » n’obtinrent pas le succès escompté. Désireux de rester à tout prix en contact avec le milieu intellectuel saint-pétersbourgeois, il fréquenta régulièrement des cercles révolutionnaires anti-impérialistes jusqu’en 1849 où lui et les membres du cercle de Petrachevski furent emprisonné à la forteresse Pierre-et-Paul. Après plusieurs mois de procès, les activistes furent condamnés à la peine de mort et allaient être fusillés sur la place des Pionniers lorsque le tsar Nicolas Ier, hanté par l’émeute de 1825 décida au dernier moment de les gracier et de les condamner au bagne en Sibérie et à une carrière de simple soldat. Les quatre années de déportation de Dostoïevski à Omsk puis son intégration dans un régiment militaire sibérien eurent une grande influence dans les sombres écrits de l’auteur, « Le Bourg de Stépantchikovo et sa population » en 1859 ; « Humiliés et offensés » en 1861 ; « Souvenirs de la maison des morts » en 1862 ; « Les Carnets du sous-sol » en 1864 et « Crime et Châtiment » en 1866 sont toutes inspirés de cette époque marquante de sa vie. En 1860, grâce au nouvel empereur Alexandre II et ses réformes, Dostoïevski obtient de nouveau le droit de résider à Saint-Pétersbourg où avec son frère il fonde la revue nationaliste « le Temps » qui sera interdite en 1863 par la censure, à cause de la publication d’idées jugées trop révolutionnaires et socialistes. Dès 1862, l’écrivain est de plus en plus surveillé par les services secrets de l’empereur, régulièrement il voyage en Europe occidentale afin d’échapper à ce contrôle permanent et à ses dettes de jeu issues d’une passion maladive dont il réfèrent dans « Le Joueur » en 1866 et « L’Adolescent » rédigé dans la Maison de marchand Slivtchansko en 1875. De retour au pays, Dostoïevski s’efforce à de grands changements dans sa vie et se consacre à l’écriture d’œuvres qui seront les plus abouties de sa vie. La Maison Shilia, où l’auteur écrivit la nouvelle « Nuits blanches » en 1848, la Maison de Raskolnikov, où il vécu et rencontra sa dernière épouse et la Place des foins seront des lieux de références retranscrits avec précision dans « Crime et Châtiment ». A l’apogée de sa gloire, il écrivit dans l’appartement où se tient actuellement son musée, un dernier roman publié 1880 « les frères Karamazov » synthétisant toute sa vision et ses pensés sur le monde russe. Devenu un des plus grands romanciers russes, sources d’inspiration de nombreux écrivains et philosophes , il décéda le 9 février 1881 et fut enterré au Cimetière Tikhvine.
Nicolaï Nekrassov
Nicolaï Alekseïevitch Nekrassov (Николай Алексеевич Некрасов) est né le 10 décembre 1821 en Podolie, région ukrénienne appartenant à l’empire russe, au sein d’une famille nombreuse de la petite noblesse de province. Son père ayant dilapidé la fortune familiale, dut travaillé comme fonctionnaire de police rurale accompagné durant ses ronde du petit Nicolaï qui petit à petit s’imprégnait du milieu populaire avec ses codes, ses mœurs, ses idées et la misère. Envoyé à l’école des cadets de Saint-Pétersbourg, il n’aspirait pas à une carrière militaire et quitta l’école afin de se consacrer à des études universitaires se mêlant à divers groupe littéraires. Répudié par sa famille et coupé de toutes vivres, il vécu dans la misère dans un petit appartement de la Nevski Prospekt, régulièrement affamé il travaillait tant bien que mal afin de gagner quelques sous de-ci de-là. Soutenu par Nikolaï Polévoï, il publiera quelques vers dans « la Gazette littéraire » et dans « Les Annales de la Patrie ». Par la suite il écrivit son premier recueil de poésies « Rêves et Sons », critiqué avec indulgence il lui ouvrit les portes de sa future carrière littéraire. Cependant jusqu’en 1845, Nekrassov dut rester dans la pauvreté résidant entre la rue Raziezdjaya et la ruelle des cuisiniers, où il écrivit les poèmes « la route » et « le jardinier » ; il participait sous le pseudonyme de Pérépielski à des vaudevilles au théâtre Aleksandriskii afin de survivre. La chance lui sourit enfin avec la sortie de « Physiologie de Saint-Pétersbourg » et « Recueil de Saint-Pétersbourg » en 1946, où le célèbre critique Belinsky dans la maison littéraire, invita le pauvre poète en le congratulant de sa plume et de ses œuvres : la popularité de Nicolaï Nekrassov était née et avec elle venait la fin d’une vie de misère. Profitant d’une vie aisée en fréquentant les restaurants de la rue Bolshaya Morskaya et les mondanités de la haute société, il n’en oublia pas ses origines et sa chance. Il découvrit un jeune talent littéraire du nom de Dostoïevski avec son premier roman « Pauvre Gens », qu’il encouragea fortement. En 1846, Nekrassov racheta la gazette « le contemporain » à Alexandre Pouchkine dont la rédaction se situait à l’ancienne résidence de la princesse Urusova, et y vécu dans un appartement annexe avec sa famille jusqu’en 1857. Par le biais de cette revue il lança la carrière de nombreux écrivains comme Dostoïevski, Tolstoï ou Tourguéniev ; mais il publia également ses créations poétiques et traduisit les œuvres de Flaubert et Balzac. Sa richesse était grandissante fit de nombreux jaloux et peu à peu, le poète fut abandonné par son entourage ce qui entraîna sa fin. La revue de plus en plus censurée et en manque d’argent ferma en 1966, Nekrassov trouva un nouveau logement jusqu’à sa mort le 8 janvier 1878. Dans ce lieu où se trouve son musée, il rédigea son œuvre majeure « Les femmes de Russie » en 1871, dont il décrivit le sort de la fille aînée de la famille Laval qui épousa la cause des décembristes et fut exilé en Sibérie. Son corps repose aujourd’hui au cimetière Novodevitchy. Nekrassov ne laissa pas d’école derrière lui, seul son nom et sa vision littéraire de la misère et de la pauvreté perdurèrent en faisant un écrivains et éditeur clef de la Russie.
Alexandre Blok
Alexandre Alexandrovitch Blok (Алекса́ндр Алекса́ндрович Блок) est né le 28 novembre 1880 à Saint-Pétersbourg au sein d’une famille de la haute société de l’époque. Descendant du médecin privé de l’empereur, d’un père recteur d’Université et côtoyant son oncle, un grand philosophe et ses amis poètes ; il fut très vite au contact d’un monde culturel et aristocratique aiguisant son esprit créatif. Déjà prompt à l’écriture, durant ses vacances près de Moscou il découvrit ses premières influences poétiques chez Verlaine, Heine ou Lermontov. En 1898 il entreprit des études de droits mais sa passion pour les lettres le firent très vite abandonner. Cette même année il débuta une de ses œuvres qu’il n’achèvera qu’en 1914 « Le monde Terrible ». En 1904 paraît « Cantique de la Belle Dame » puis « L’Inconnue » en 1906 qui firent sa célébrité qui ne le quitta plus jamais. Considéré comme le grand poète de l’Âge d’Argent, Blok devint l’attraction des soirées mondaines par ses interventions poétiques d’une beauté et d’une mélancolie inégalées il fut nommé le « premier romantique russe ». Également passionné de théâtre, il participa à de nombreuses pièces et écrivit « les Tréteaux » en 1906 et « La Rose et la Croix » en 1911. Ces pièces eurent plus de succès grâce au style d’écriture de Blok que par leur aspect dramatique. En 1909 il traversa un période noire de sa vie avec la mort de plusieurs de ses proches, le poète voyagea en Italie et en France à la recherche d’une nouvelle raison de vivre. A l’aube des mouvements révolutionnaire, dans son appartement, aujourd’hui musée, il reçut la visite d’un jeune poète du nom de Essenine qu’il lança sur le devant de la scène, et se lia d’amitié avec un cercle de poètes mené par Nicolaï Goumilev, Anna Akhmatova et Ossip Mandelstam à l’origine du mouvement acméiste. De cette période de transition naquit son chef d’œuvre « Les Douze » en 1918, dernière publication de sa poésie avant sa mort en 1921 suite au conditions de vie sous le nouveau régime. Enterré au cimetière Volkovo, à sa mort, Anna Akhmatova lui rendit un long hommage, avec lui se termina un époque glorieuse de la poésie russe, mais grâce à ses implications et son combat avec la participation de ses amis, ils ouvrirent une voie vers une nouvelle modernité poétique en Russie
Sergueï Essenine
Sergueï Alexandrovitch Essenine (Сергей Александрович Есенин) est né le 3 octobre 1895, dans une bourgade du centre de la Russie où il passa la majeure partie de son enfance. Ses premiers vers lui vinrent durant son internat à l’école religieuse de Spas-Kliopiki de 1909 à 1912. Par la suite à la fin de ses études il rejoignit son père à Moscou et se fit embauché dans une maison d’édition, commença à fréquenter des cercles littéraires et des mouvements révolutionnaires. Prenant conscience de son don pour la poésie, il intégra l’une des plus prestigieuse imprimerie moscovite comme correcteur en 1913. Un an plus tard, dans la revue « La Voie de la Vérité » paraissent ses premiers poèmes. Au début de la Première Guerre Mondiale, il se dirige vers Petrograd, capitale culturelle, à la rencontre d’un certains Alexandre Blok à qui il apporta ses poème directement à son domicile où se situe son musée à l’heure actuelle. Intégré grâce à se dernier au sein des groupes littéraires de la ville, se rencontrant régulièrement à la tour du conseil municipal ou à la maison Muruzi. Ce sera pour lui le début d’une longue série de rencontre et d’inspiration qui firent sa renommé. En 1916 il écrivit son premier recueil « Radounitsa » édité et publié dans les locaux de l’immeuble Stepanov, étant un homme usant plus facilement de sa plume que des armes, lors de la guerre il fit jouer ses relations auprès de la haute société pour éviter d’aller au front. Son enthousiasme lors de la révolution de 1917, le fit participé à sa manière en prenant la parole durant les meeting et publiant des textes dans les journaux épousant la cause des bolcheviks inspirés de sa vie à Petrograd qu’il passa dans la maison Kushelev-Bezborodko. A la fin de cette même année il publiera « Transfiguration » et « Inonia » pronant la révolution d’Octobre. A partir de là Essenine commença une vie d’errance entre l’Europe, la Russie et l’Amérique durant laquelle il publia ses grands ouvrages comme « Les Clés de Marie » (1919) ; « Les Juments-épaves » (1919) ; « Treriadnitsa » (1920) ; « Triptyque » (1920) ; « Transfiguration » (1920) ; « Confession d’un voyou » (1921) et « Pougatchev » (1921). Devenu fortement dépressif, alcoolique et suicidaire, il fut interné dans un hôpital de Moscou en 1923 puis revint à Léningrad en 1925 où soit disant il se suicida dans la chambre n° 5 de l’hôtel d’Angleterre. Cette mort est de nos jours encore très controversée, et un mémorial se tient au n° 33 de Liteïnii prospekt en son honneur.
Nicolaï Goumilev
Nicolaï Stépanovitch Goumilev (Никола́й Степа́нович Гумилёв), né le 15 avril 1886 à Kronstadt dans une famille militaire, fit ses études au lycée de Tsarkoïe Selo où il aura pour professeur Annenski, considéré comme le poète ayant inspiré le mouvement acméiste, que le jeune élève créera par la suite. Dès 1902 il publia son premier poème « J’ai fui les villes pour rejoindre la forêt » et un recueil en 1905 « La Route des conquistadors » jugé bâclé selon la critique. A la fin de ses études il voyagea en Occident et nottement en Italie et en France où il publiera en 1908 « Fleurs romantiques ». De retour en Russie il devient l’un des principaux fondateur de la revue « Apollon » , une revue poétique précèdent la Première Guerre Mondiale à laquelle il participa. Continuant ses voyages, il rencontra à Kiev Anna Akhmatova qu’il épousa en 1910 ; puis parti à la découverte de l’Éthiopie d’où il rapporta de nombreux objets exposés au Kunstkamera de Pierre le Grand. Grâce à sa poésie influente sur la jeunesse de l’époque, il fonda avec Sergueï Gorodetski « la Corporation des poètes » (Цех поэтов) en 1911 donnant naissance au mouvement acméiste accompagné de son épouse et d’ Ossip Mandelstam prônant l’utilisation d’un langage simple et concret afin de sublimer le quotidien de manière poétique. Il fut également le cofondateur de « l’Union des écrivains de toutes les Russies ». N’ayant jamais caché son mépris aux bolcheviks, il fut arrêté suite à une affaire montée de toute pièce et fusillé en 1925.
Ossip Mandelstam
Ossip Mandelstam (Осип Эмильевич Мандельштам) est né à Varsovie le 15 janvier 1891 au sein d’une famille juive ; de 1900 à 1907 il fit ses études à l’école Tenichev, puis étudia à la Sorbonne à Paris où il découvrit Verlaine et à l’université d’Heidelberg en Allemagne jusqu’en 1910. De retour à Saint-Pétersbourg, en parallèle de ses études de philosophie à l’université de la ville, où aux douze collèges un monument relate cette période, il publia ses premiers poèmes dans la revue « Apollon » tenue par Nicolaï Goumiliev et intégra le cercle des acméistes dont il devint l’un des principaux meneurs avec Anna Akhmatova et Goumiliev. Ses recueils « Pierre » en 1912 et « Trista » en 1922, confirmèrent son statut de grand poète de l’Âge d’Argent russe. Par la suite il s’essaya à la prose et rédigea des livres pour enfants en traduisant les œuvres d’écrivains européens. Reconnu et populaire, il participa à de nombreuses soirées mondaines comme à l’hôtel d’Angleterre où il était généralement l’invité de marque ou lors de réunions littéraires à la maison Muruzi où il prenait la parole devant l’assemblée. L’époque à laquelle il se réfugiait à la maison Eliseev, destinée aux pauvres et sans abris était bien loin. Ossip Mandelstam influença également des poètes d’Europe occidentales comme Paul Celan et Serge Venturini, mais son caractère contre-révolutionnaire lui value de nombreuses suspicions de la part du régime. En 1930 il rédigea « Voyage en Arménie » puis débuta son œuvre « Les cahiers de Voronej ». Dans un climat de plus en plus hostile, la rédaction d’une épigramme sur Staline entraîna son arrestation et sa déportation en 1934. Après une tentative de suicide il fut transféré à Voronej où il poursuivit ses écrits. En 1938, il fut arrêté durant les Grandes Purges de Staline et après de nombreuses sévices il décéda à Vladivostok et son corps fut jÉté dans une fosse commune. Il fallut attendre la politique de Gorbatchev pour que le poète soit lavé de toutes accusations et reconnu par le pays.
Anna Akhmatova
Anna Akhmatova (Анна Ахматова) est née le 23 juin 1889 à Odessa dans une famille militaire aisée, puis fit ses études à Tsarkoïe Selo où elle apprit le français et commença a écrire ses premiers poèmes inspirés de Pouchkine. En 1905 à la séparation de ses parents, elle parti faire ses études à Kiev où elle rencontra son futur époux Nicolaï Goumiliev avec qui elle eut un enfant, le célèbre historien Lev Goumiliev. Pendant les voyages de son mari elle resta en Europe afin de s’inspirer de la culture Occidentale et devint une des muses de Modigliani dont il fit de nombreux portraits. En 1911 elle participa au mouvement acméiste avec son époux et Mandelstam puisant leur inspiration chez Annenski, Verlaine ou Maïakovski. Après avoir repris des études de littérature à Saint-Pétersbourg, elle publia en 1912 son premier recueil « Le Soir » puis « Le Rosaire » en 1914 qui invita des milliers de femmes à écrire. Son attitude et son talent la font rapidement devenir la plus appréciée des cercles de littérature ; installer dans la maison Baur où elle écrivit « Nouvelle Balade » et « la Femme du Lot », elle devint « la Reine de la Néva ». Elle relatera ses moments passés dans « Poèmes sans héros » (1940-65) inspiré d’ « Eugène Onéguine » de Pouchkine. En 1917 elle publia « La Foule blanche » dont le succès fut effacé par la révolution de l’époque. Suite à cela, le nouveau gouvernement en place censura ses travaux et la poétesse fut condamné en 1922 à ne plus rien faire paraître pendant trente ans. Vivant de la traduction de romancier français, elle vit nombre de ses proches se faire arrêter, déporter ou fusiller par le régime soviétique dont son fils. Refusant de sortir du pays elle devint le symbole de la résistance sous le règne stalinien. Lors de la Grande guerre patriotique de 1940 elle devient membre de l’ « Union des écrivains soviétiques » dont elle fut radiée en 1946 par Andreï Jdanov, et ses poésies paraissent dans la revue « Zvezda ». En 1942 elle publie « Courage », malgré la censure, ses œuvres ne cesseront de se diffuser de manière clandestine. Son fils toujours en déportation sera libéré en 1956 après que la poétesse eusse composée des odes à Staline afin de s’en attirer les faveurs. A la mort de ce dernier, elle fut remise sur le devant de la scène littéraire soviétique et poursuivit ses principales œuvres majeures « Poèmes sans héros » et « Requiem » et écrivit ses mémoire relatant sa vie d’acméiste et celle de ses amis comme à l’hôtel d’Angleterre avec Mandelstam. En 1964 elle reçut le prix Taomina pour ses œuvres et le titre de présidente de l’ « Union des écrivains ». Devenue la plus grande figure de la littérature féminine un musée lui est consacré au palais Shemeretev. Elle mourut en 1966 et sa dépouille repose au cimetière de Kemerovo, une petite commune au nord de Saint-Pétersbourg.
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