Période Impériale

Les débuts de Saint-Pétersbourg



De Pierre Ier à Alexandre III

Au Xème siècle, la région du delta de la Néva était une terre marécageuse désolée où une petite branche du peuple finno-ougrien cultivait la terre paisiblement jusqu’au XIVème siècle lorsque le Royaume de Suède et la République de Novgorod commencèrent à revendiquer, chacun de leur côté, la suzeraineté de cette province. Ne trouvant pas d’accord, les deux puissances déclarèrent cette zone comme neutre politiquement et militairement en lui octroyant le rôle de place commerciale maritime entre les pays de la mer Baltique et la Russie. Profitant de ce libre accès à une partie du territoire de leur principal rival, les suédois entreprirent la construction d‘une forteresse à l’embouchure de la Néva « la Nyenschantz » (à l ‘emplacement de l’actuelle forteresse Pierre et Paul) et d’une colonie qui furent détruites lors de la première guerre russo-suédoise de 1656 ; prémisse de la Grande guerre du Nord (1700-1721) où la coalition menée par la Russie mit fin à la domination de la Suède autour de la Baltique.

En 1682 à l’âge de 10 ans, Pierre Ier monta sur le trône en association avec son demi-frère Yvan V, puis en 1689, il s’empara de la totalité du pouvoir. Très attiré par l’Occident, il entreprend un voyage en 1697 en Angleterre, Allemagne et Hollande appelé « la Grande Ambassade » afin de s’inspirer de la modernité de leurs capitales. En effet, à cette époque pour le futur premier empereur russe, son pays est vieillissant et rustre, loin de l’image qu’il souhaiterait donner de la nation la plus puissante d’Europe orientale et Moscou est l’illustration même du passéisme de part son architecture, ses us et coutumes. Pierre Ier, dès son retour imposa à son peuple une idéologie occidentale radicale afin de redorer l’image et la grandeur de la Russie : dans un premier temps il obligea les citadins à se raser et à se vêtir à la mode des pays de l’Ouest ; mais une capitale moderne et rayonnante manquait toujours à l’appel.

Lorsque le Général Sheremetev parvint à reconquérir définitivement le delta de la Néva en 1703, le tsar décida de construire sur l’ancienne place de de la forteresse suédoise un avant poste permettant de protéger l’accès au réseau fluvial russe. Le 26 mai de cette même année la première pierre de la « forteresse Pierre et Paul » fut posée mais encore rien ne laissait indiquer qu’elle deviendrait le centre d’une immense cité au milieu de ces terres marécageuses, presque inhospitalières avec des crues à répétitions décimant la population et empêchant le développement de l’agriculture. Il fallut attendre 1706 que Pierre Ier lance le projet insensé de construire une nouvelle capitale digne de son royaume dans cette embouchure, créant une fenêtre sur l’Europe avec la construction d’un port maritime international et militaire dont la Russie ne disposait encore pas. Dès lors, l’ensemble des ressources du pays est tourné vers l’érection de Sankt-Petersbourg (ville de Saint-Pierre en allemand), des dizaines de milliers d’hommes sont obligés de venir travailler sur ce chantier pharaonique aux conditions de vie déplorables causant la mort de plusieurs milliers d’entre eux. Pouchkine dans son poème de 1834 « le cavalier de bronze » illustre la « capitale sortie du Néant » construite sur les corps de ses ouvriers. En 1721 Pierre Ier est sacré premier empereur de l’empire russe et à son décès en 1725, la capitale compte 75 000 habitants et déjà de nombreux édifices et aménagements encore présents aujourd’hui comme le jardin d’été et l’Amirauté, mais elle reste d’autre part qu’un chantier insalubre dans lequel se refuse de vivre la noblesse.

A sa mort l’empereur laissa la nation dans une situation instable, les nombreuses réformes qu’il imposa durant sont règne furent difficilement acceptées et suivies par la population. Même la grande noblesse et la bourgeoisie, qui furent obligées de construire leurs résidences à Saint-Pétersbourg refusaient de quitter Moscou. Pendant 40 ans le statut de capitale fut partager entre ces deux cités et six monarques se succédèrent dans le but de poursuivre l’idéologie initiée par Pierre Ier.

Dans la continuité de l’idéalisme modernisation et splendeur de la Russie instauré par le fondateur de Saint-Pétersbourg, les impératrices jouèrent un rôle primordial dans le développement architectural et la magnificence de la capitale. Déjà l’impératrice Anna Ivanovna avait réformé l’urbanisme avec l’amélioration des voies d’accès du centre ville et la création des grandes avenues toujours existantes comme la Nevski. Par la suite, Elisabeth Ière invita les grands architectes d’Europe à faire de la cité la plus belle de l’époque. Mais ce fut Catherine La Grande qui, en 1762, renforça l’ouverture politique, artistique et intellectuelle avec les pays d’Europe occidentale et joua un rôle décisif dans le destin de Saint-Pétersbourg avec l’appui de ses favoris. Sous son règne elle révolutionna les arts et l’architecture en suivant les tendances de l’Ouest, invitant jeunes architectes et sculpteurs du style néo-classique ; puis elle fonda de nombreuses académies des arts et des sciences afin d’attirer les plus grands cerveaux et ainsi obtenir les meilleurs enseignements puis ouvrit les premières écoles de ballet et théâtres. A la fin du XVIIIème siècle la ville est devenue une des grandes capitales européenne moderne et puissante telle que l’avait rêvée Pierre le Grand.

Jusqu’à la moitié du XIXème siècle, la ville connaît un épanouissement total et un développement culturel, scientifique et technique malgré les nombreux soulèvements devenus fréquents dont le plus important fut celui des décembristes en décembre 1825. La renommée des académies et des écoles russes ne fait que croître dans le monde et Saint-Pétersbourg est dès lors l’un des principaux centre intellectuel et moderne du monde occidental ; la création en 1937 de la première ligne de chemin de fer la reliant à Tsarkoïe-Selo (actuelle Pouchkine), entraîna une révolution des voies de communication dans l’ensemble de l’empire donnant naissance au Mythique Transsibérien. En 1961 Alexandre II devint le Libérateur avec l’abolition du servage conduisant à une forte migration paysanne vers la capitale augmentant considérablement sa population. Devenue une ville industrielle puissante et ouverte sur l’Europe avec son port, Saint-Pétersbourg voit naître en son sein d’un côté des cercles de penseurs et d’écrivains dont certains membres deviendront parmi les plus célèbres de la littérature russe ; et de l’autre des groupes d’idéalistes socialistes influençant la population ouvrière de la capitale. L’assassinat du Tsar Alexandre II en 1881 n’était que le phénomène annonciateur de la triste destiné des Romanov.

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